Député et collectif d'un côté, élus locaux, syndicat de rivière et public de l'autre.


Forte affluence à la deuxième réunion publique de défense des digues du Chassezac, quantitative avec plus de 120 personnes présentes et qualitative avec la présence du député Fabrice Brun, de Mme Bérengère Bastide maire de Chambonas et conseillère départementale et de Mme Monique Doladilhe, maire de Gravières et présidente de la S.P.L. "Cevennes Ardèche". (Commission chargée des questions relatives au tourisme sur les cantons des Vans et de Joyeuse), le président du syndicat de rivière Gérard Gsegner et son vice président Daniel Noël. C'était pour la première fois une rencontre ouverte entre les principales parties prenantes concernées par l'avenir de la rivière.


Le bureau du collectif de défense des digues, après avoir accueilli les participants par le truchement de Roger Moutet, a exposé son point de vue en insistant sur la nécessité de prendre en compte les particularismes du Chassezac sur cette section, notamment sur la présence quelques kilomètres en amont du barrage de Malarce qui conditionne largement la vie de la rivière sur ce tronçon.


La destruction d'au moins trois des quatre digues étant aujourd'hui l’hypothèse la plus probable, le collectif note l'absence totale de prise en compte des impacts dans ce cas. Impact sécurité (incendie, sécurité des personnes), impact économique (irrigation agricole, usine Payen, tourisme), impact écologique (disparition de faunes et flores protégées, disparition des gravières, gestion des poissons) et impact patrimonial avec la probable disparition d'ouvrages centenaires, véritable mémoire vivante du pays des Vans.


Fort de ce constat, le collectif annonce qu'il va présenter au Préfet de l'Ardèche une demande de révision du plan proposé par le syndicat de rivière.


Le député Fabrice Brun prend alors la parole pour développer un vif plaidoyer en faveur d'une écologie "intégrant le facteur humain" par opposition à une écologie "sauvage" excluant la main de l'homme. Rappelant son origine paysanne, il rend hommage aux anciens et à leur intelligence pour affirmer son attachement aux digues en se positionnant très directement pour leur sauvegarde.


Bérengère Bastide présente alors l'avancement des travaux de la commission extra municipale pilotée au sein de la mairie de Chambonas, en particulier le travail produit par les équipes de la Viste et de l'association des "Amis du château de Chambonas" sur l'importance du patrimoine. En attendant la suite des contributions, la maire de Chambonas insiste sur la nécessité de réfléchir dès maintenant à long terme sur l'entretien des ouvrages existants et sur une "exploitation équilibrée" des ressources.


De son côté, le président du syndicat de rivière Gérard Gsegner rappelle sa mission principale, l'application de la loi, fruit d'un mandat qui lui a été confié par les municipalités concernées. Il ne note aucune raison dans les motifs exposés par le collectif ou la commission extra municipale de modifier son point de vue et entend dérouler le programme jusqu'à son terme. Il évoque plusieurs pistes alternatives sans qu'aucune n'ait fait l'objet d'étude de faisabilité ni de financement.


Pris à parti par le député Brun sur le caractère intransigeant de son point de vue, le président du syndicat rappelle que "la balle est dans le camp des propriétaires" et que pour éviter la destruction ils doivent se conformer aux directives du syndicat.


Mireille Martin de l'A.S.A de Gravières témoigne des difficultés budgétaires rencontrées pour maintenir les systèmes d'irrigation et alerte le syndicat sur le caractère irréaliste des solutions évoquées qui aboutiraient à une distribution rationnée et onéreuse de l'eau aux agriculteurs en cas de disparition des seuils. Aucune solution alternative n'est aujourd'hui finançable par les usagers.


Interrogé enfin sur la possibilité de s'associer à la démarche du collectif pour demander un traitement spécifique à la Préfecture de l'Ardèche, le président du syndicat de rivière rétorque qu'il risquerait d'y "perdre ses subventions de l'Agence de l'eau et mettre en péril l'emploi des deux salariées du syndicat". Bref, la survie du syndicat est plus importante que la prise en compte des attentes des citoyens.


Après plus de deux heures de débat, les lignes de fractures sont claires : les élus présents (député et maires) et le collectif entendent tout mettre en œuvre pour sauver les digues, de l'autre, le syndicat entend appliquer la loi, toute la loi, rien que la loi, sans dégager à l'issue de cette réunion de piste de compromis.


Retour à l'accueil